Le 9 mai 2022, l’une de nos anciennes collègues, Mme Marion Van Alphen (traductrice néerlandaise), est montée sur scène à l’occasion des célébrations de la Journée de l’Europe à Esch. Elle y a abordé la Conférence sur l’avenir de l’Europe ainsi que sa participation à ses groupes de travail. Retraitée du Centre depuis la fin 2019, elle a gentiment accepté de se prêter au jeu de l’interview et de nous faire partager son expérience unique.
La Conférence sur l’avenir de l’Europe, qui s’est achevée le 9 mai 2022, a donné la chance aux citoyens de toute l’Europe de s’exprimer pendant l’année sur leurs attentes vis-à-vis de l’Union européenne. Qu’est-ce qui vous a incité à y participer et quel rôle y avez-vous joué?
Tout a commencé par un coup de fil d’un institut de sondages d’opinion au Luxembourg. Ils m’ont posé quelques questions sur l’Europe et, à la fin du sondage, m’ont demandé si je serais intéressée pour rejoindre le panel de citoyens européen de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. À ce moment-là, je ne savais pas exactement ce que cela impliquait, mais j’ai accepté avec plaisir.
Depuis lors, cela a été une aventure longue et passionnante!
J’ai été invitée à participer à l’un des quatre panels de citoyens européens, ai pu débattre lors des sessions plénières des panels et ai participé à des groupes de travail dont j’ai été la porte-parole à Strasbourg en octobre, lors de la session en ligne en novembre puis à Varsovie en janvier. Nous avons formulé des propositions pour la rédaction du rapport sur le résultat final de la Conférence, lequel a été présenté aux présidents des trois organisateurs (le Parlement européen, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne) le 9 mai 2022. Les présidents s’appuieront dessus pour établir une feuille de route pour les réformes structurelles de l’Union européenne.
Combien de personnes comme vous ont participé activement au panel de citoyens européens?
Au total, ce sont 800 citoyens venant de tous les États membres qui ont participé à quatre «panels de citoyens européens» différents consacrés à 1) l’économie, 2) la démocratie et la justice, 3) le changement climatique, l’environnement et la santé, et 4) l’UE dans le monde et la migration. J’ai été affectée au troisième. Nous étions 200, plus des modérateurs et des experts pour nous conseiller, des interprètes et du personnel administratif.
Les organisateurs avaient veillé à ce que les participants soient représentatifs de l’UE en termes d’origine géographique, de sexe, d’âge, de milieu socio-économique et de niveau d’éducation. Un tiers des participants avait entre 16 et 24 ans, ce qui était formidable, car c’est de leur avenir que nous étions en train de parler!
Chaque État membre comptait un certain nombre de participants en fonction de la taille du pays. Le Luxembourg avait huit représentants, soit deux par panel.
Une fois retenus, nous n’étions pas là pour représenter une opinion luxembourgeoise officielle ni pour agir en tant que groupe national. Nous devions juste donner notre propre avis et dire ce que nous pensions.
Comment s’est passée la collaboration avec votre groupe de travail?
Et bien, au début, c’était un peu difficile. Pour vous donner un ordre d’idées, j’ai échangé avec un orthodontiste allemand à la retraite, un agriculteur danois, un jeune designer italien, une infirmière française, un étudiant allemand, un directeur d’hôpital belge, un collecteur de déchets suédois, un écolier croate (de 17 ans) et un ingénieur polonais. En tant qu’ancienne assistante politique d’un membre du Parlement européen, puis traductrice de l’UE, j’ai pu sensibiliser les gens à ce que l’Europe fait pour eux, et au fait que tout ne se décide pas au sein de l’UE.
Ce que j’ai trouvé extraordinaire, c’est cette culture du débat qui prévalait! Nous sommes parvenus à comprendre les positions des uns et des autres et à formuler trois recommandations communes.
Quelles étaient ces trois recommandations?
Puisque notre travail portait principalement sur le changement climatique, nous avons beaucoup discuté du pacte vert pour l’Europe. Pour faciliter la période de transition vers les énergies renouvelables, nous avons suggéré d’encourager le développement de filtres à CO2 pour l’industrie. Il n’est pas possible de fermer les sites de production d’énergie (à partir du charbon) du jour au lendemain dans les pays qui dépendent encore fortement du charbon. Il est de notre devoir de trouver des solutions alternatives pour assurer cette transition. Cette idée a recueilli 90 % des votes finaux du panel 3 et a reçu un soutien explicite lors de la session plénière de la Conférence sur l’avenir de l’Europe.
Avec d’autres groupes de travail, nous avons également formulé deux propositions: la première visait à réduire l’agriculture intensive (les émissions de gaz méthane) en sollicitant une réforme structurelle de la politique agricole commune qui soit en faveur d’une production durable et de la qualité plutôt qu’en faveur de la quantité, et la deuxième à investir davantage dans la recherche sur l’hydrogène.
Merci d’avoir partagé cette fabuleuse expérience avec nous. J’aimerais maintenant vous poser une question plus personnelle. Puisque l’on parle de l’avenir, quels conseils donneriez-vous à la jeune génération des personnes qui travaillent pour le Centre?
Tenez-vous informés, participez aux activités interdépartementales/interinstitutionnelles, investissez dans votre propre formation (l’apprentissage tout au long de la vie est un facteur essentiel!), et n’oubliez pas de développer des loisirs en parallèle de votre travail. Élargissez votre vision du monde. Si vous avez l’occasion de participer à un débat public comme je l’ai fait, n’hésitez pas un instant. C’est vraiment gratifiant!